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07 03 2007 - L'Arménie chrétienne en majesté
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LE MONDE | 05.03.07 | 17h24 • Mis à jour le 05.03.07 | 17h24
Pour illustrer l'histoire des Arméniens, depuis le début du IVe siècle, date de leur conversion au christianisme, et souligner la permanence d'une identité culturelle dans le grand jeu des empires rivaux et des dominations successives, le Louvre présente "Armenia sacra", l'art sacré de l'Arménie, jusqu'au 21 mai.
Très complémentaire et instructive, l'exposition de la Conciergerie, due à Sylvie Clavel et Narek Sargsyan, qui avaient ouvert le feu en décembre 2006,
vient d'être prolongée jusqu'au 22 avril. Intitulée "Les douze capitales d'Arménie", elle offre un panorama historique à travers le Caucase et l'est de la Turquie. Dans la belle salle voûtée du palais, le public peut découvrir un inventaire chaleureux et admirablement illustré des monuments et des cités qui ifs. Elle se conclut par une maquette d'Erevan, capitale de l'actuelle République d'Arménie.
Repères
"Armenia Sacra". Musée du Louvre, de 9 heures à 18 heures ; mercredi et vendredi jusqu'à 22 heures ; fermé mardi. Tél. : 01-40-20-53-17. Jusqu'au 21 mai. De 6 € à 8,50 €. Sur Internet : www.louvre.fr.
Catalogue : coédition Louvre/Somogy. 472 p. 520 ill. 42 €. Conférences à partir du 12 mars (auditorium).
"Les douze capitales d'Arménie". Centre des Monuments nationaux. Conciergerie, 2, boulevard du Palais, Paris-1er. Tél. : 01-53-40-60-80. De 9 h 30 à 18
heures. Jusqu'au 22 avril. De 6 € à 8 €. Sur Internet : www.monum.fr.
Fondation Fringhian. Musée arménien de France, 59, avenue Foch, Paris-16e. Du mercredi au dimanche, de 11 heures à 17 heures. Jusqu'au 22 avril. Entrée
libre.
"La Nouvelle-Djoulfa, 400 ans de présence arménienne à Ispahan". Maison des arts, parc Bourdeau, 20, rue Velpeau. Antony (Hauts-de-Seine). Tél. :
01-46-74-91-24. Jusqu'au 20 avril.
"L'Orient des photographes arméniens". Institut du monde arabe, 1, rue des Fossés-Saint-Bernard, place Mohammed- V, Paris-5e. Tél. : 01-40-51-38-38.Du
mardi au dimanche, de 13 heures à 18 heures. Jusqu'au 1er avril.
Cinéma arménien à Marseille. Durant trois mois et dans les salles de la ville, des films populaires (Verneuil, Legrand…), des inédits, des "Soirées surprises"
et des rétrospectives. Le 6 mars : soirée Michel Legrand (Trois places pour le 26 et Cléo de 5 à 7) à l'Alhambra (Saint-Henri) ; le 12 : films rares au
Variétés ; du 7 au 11 : rétrospective Atom Egoyan, au Miroir (Vieille-Charité) ; du 21 au 25 : rétrospective Guédiguian ; du 4 au 12 avril : rétrospective
Artavad Pelechian.
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Le Louvre, quant à lui, a ménagé une surprise majeure aux visiteurs d'"Armenia sacra", dont le commissaire est Jannic Durand, conservateur en chef au département des objets d'art. Dans les douves, devant les murailles médiévales du château de Charles-V, espace jamais utilisé depuis sa révélation lors des travaux du Grand Louvre, sont disposés des groupes de hautes stèles sculptées :
ce sont des khatchkars ou pierres-croix (khatch signifie croix ; kar, pierre), que l'on trouve dans les églises et les monastères arméniens ou parfois dans
les champs, prières minérales dressées face aux vastes ciels de ce pays de hauts plateaux.
Impressionné par ce patrimoine original lors d'un voyage exploratoire en Arménie, le président du musée français, Henri Loyrette, avait souhaité que certaines soient présentées à Paris.
LA CRÉATION DE L'ALPHABET
La petite République d'Arménie (3 millions d'habitants) a relevé le défi, et une trentaine de ces khatchkars (les plus anciens datent du Xe siècle) ponctuent le parcours. Il a été inauguré par une visite, le 19 janvier, de Jacques Chirac, président de la République, et de Robert Kotcharian, le président arménien, tous deux en fin de mandat électoral, qui célèbrent en commun l'Année de l'Arménie en France organisée jusqu'au 14 juillet. "Armenia sacra" est l'un des événements d'une programmation très riche (musique, cinéma, peinture) de plus de quatre cents événements (www.armenie-mon-amie.com).
Avec la diversité de leur décor sculpté, où la croix figure comme symbole de la résurrection, ces pierres dressées témoignent d'une permanence de la foi chrétienne, adoptée par le roi Tiridate, en 301, sous l'influence décisive de saint Grégoire, avant la Rome de Constantin. La création de l'alphabet, un siècle plus tard, pour cette langue indo-européenne encore très vivante aujourd'hui, est l'autre élément décisif. L'unité de la civilisation arménienne n'est pas un mystère pour les historiens comme Jean-Pierre Mahé, philologue et orientaliste, qui, à l'Ecole pratique des hautes études forme des équipes de jeunes chercheurs. Le nombre et la qualité des contributeurs du catalogue "Armenia sacra", aussi coloré qu'un reliquaire médiéval et presque aussi lourd qu'un khatchkar, montre que la France ne fut pas seulement une terre d'accueil pour les rescapés du génocide de 1915. Elle est devenue une pépinière d'experts et de savants dédiée à l'étude de la culture arménienne.
De l'architecture des églises (avec quelques siècles d'avance sur l'art roman d'occident) à l'enluminure des Evangiles et au travail des copistes et traducteurs de textes grecs, le christianisme et son expression artistique ont maintenu, au travers d'une histoire plus que mouvementée, la continuité culturelle de la nation. Même dans les longues périodes où celle-ci ne
s'appuyait pas sur un Etat indépendant. Enjeu d'empires rivaux, Rome et Byzance, la Perse et les Ottomans, l'Arménie a rejailli à l'époque des croisades en Cilicie (XIIe-XIVe siècles). Puis les Arméniens ont maintenu, à l'intérieur de l'empire ottoman, ou dans l'exil en Crimée, en Italie, en France, et jusqu'en Inde, leur langue, leur religion et leur culture.
Parcours savant et spectaculaire, intimiste et parfaitement documenté, "Armenia sacra" est installée dans la galerie Melpomène, dont les marbres rouges, les voûtes et les niches accompagnent une scénographie qui sait montrer en majesté des fragments de sculptures monumentales (un chapiteau de Zvartnots) et, avec délicatesse, les objets les plus travaillés et les plus fines enluminures, aux couleurs intactes, qui ornent les livres saints, les récits légendaires ou cet évangile d'Etchmiadzine, dont on remarque la reliure en ivoire travaillé.
Commel'indique l'apport des collections d'objets liturgiques et de manuscritsprécieux venus du siège de l'Eglise apostolique arménienne, à Etchmiadzine,près d'Erevan, même durant la période soviétique (1921-1991) les dirigeants ont su négocier pour les biens religieux une relative protection qui leur permet de
réapparaître aujourd'hui.
Michèle Champenois
V.V
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