|
|
Zatik
consiglia: |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Iniziativa
Culturale: |
|
|
|
|
|
16 09 2008 - Article de Ahmet Altan dans TARAF traduit en arménien et présenté par NOR MARMARA
|
http://www.armenews.com/article.php3?id_article=44756
Article de Ahmet Altan dans TARAF traduit en arménien et présenté par NOR MARMARA
« Ah ! petit frère ! » par Ahmet Altan
mardi16 septembre 2008, par Stéphane/armenews
Note de la rédaction de Nor Marmara : Le remarquable écrivain Ahmed Altan, dans le journal turc "Taraf" du jeudi 11 septembre, à l’occasion de la première visite du Président Gül avait écrit un texte touchant et très émouvant qui a laissé sur les lecteurs l’impression d’une magnifique leçon spirituelle. Nous apprécions hautement Ahmet Altan pour ce texte émouvant et nous le traduisons, avec la certitude que nos lecteurs vont avoir les larmes aux yeux en le lisant.
Traduction française Louise Kiffer.
"Lorsque j’écris au sujet des Arméniens, mon bras s’allonge d’une façon étrange vers une mélodie brisant le cœur des hommes.
J’ai envie d’écouter un son spécial de violon ou une musique triste de doudouk.
Bien que dans ce pays on n’aime pas en parler, néanmoins, sur le globe terrestre, c’est l’une des plus grandes souffrances que ce peuple ait endurée.
Ne dites pas soudain " Eux aussi nous ont tués"
C’est vraiment honteux de dire une chose pareille.
Les groupes arméniens sur la frontière russe, et l’Arménienne de Boursa, le vieillard d’Adana, l’enfant de Sivas, quels liens avaient-ils entre eux ?
Sinon le fait d’être arméniens.
Les Ittihadistes ont organisé un génocide impitoyable
Très impitoyablement Attendez une minute
Attendez, je vous prie... !
Et réfléchissez.
Un soir, vous êtes assis chez vous, on frappe à la porte, on vous attrape de force et on vous emmène.
La porte de votre maison reste ainsi ouverte
Vous êtes sommé de vous mettre en route
A minuit, sens dessus dessous, tous en foule, on vous fait passer par des chemins de montagne.
Juste à côté de vous, une vieille femme, épuisée, s’étale par terre.
Ils la fouettent.
Elle meurt en gémissant.
Son petit-fils qui pleure, on le fracasse contre les rochers
Vous croyez que tout cela c’est des contes ?
Savez-vous ce que signifie "Teskilat-i-Mehsusa" ?
Cela veut dire : Organisation Spéciale Cette organisation effroyable des Ittihadistes.
Est-ce déjà arrivé qu’on viole votre femme devant vos yeux ?
Est-ce déjà arrivé qu’on frappe votre mari à la poitrine et qu’on le tue devant vos yeux ?
Vous est-il déjà arrivé, alors que vous étiez assis chez vous à l’heure du dîner, qu’on vous jette à terre et vous traîne dehors et vous emmène, simplement pour le fait d’être né turc ?
C’est seulement et seulement pour être né arménien, pour cette seule raison, qu’on s’est conduit ainsi envers des milliers de gens.
A part le fait d’être arménien, il n’y avait aucune autre raison pour qu’on les tue.
Nous avons une conscience
Simplement pour le fait que nous avons le même sang devons-nous prendre parti pour les Ittihadistes, le Teskilat-i-Mehsusa ; et ne devons-nous pas pleurer pour la mort d’un enfant d’un autre peuple ?
Savez-vous seulement combien de milliers d’Arméniens les Ittihadistes ont tués en les jetant sur les rochers ?
Ils les ont tués uniquement parce qu’ils étaient arméniens.
Ils les ont noyés dans des fleuves.
Ils les ont passés au fil de l’épée alors qu’ils étaient étendus par terre, fatigués, épuisés. Ils ont pillé les biens des Arméniens assassinés.
Pensez un peu à une jeune Arménienne à la voix douce, à une grand’mère arménienne rieuse, aux yeux noirs, à un maître sculpteur aux larges mains donnant une âme aux pierres...
A un jeune Arménien amoureux
A une adolescente arménienne...
Pensez à tout cela
Et pensez à tout cela à minuit, sur un chemin de montagne.
Affamés, fatigués, épuisés et seuls
Pouilleux
Malades
Sachant bien qu’on les conduit vers la mort
Sachant bien qu’ils marchent vers la mort
Et qu’ils vont être tués.
Des centaines de milliers d’êtres
Des centaines de milliers d’êtres...
Leur race a-t-elle vraiment de l’importance ?
Imaginez un peu qu’on tire votre mari par la gorge, et qu’on l’emmène, Et le lance sur un roc.
Franchement, n’allez-vous pas vous émouvoir du fait que c’est seulement à cause d’être nés arméniens qu’ils ont dû subir ces souffrances ?
Une minute, une seule minute, mettez-vous à la place de ces êtres.
Une seconde seulement, ressentez leur impuissance.
Pour comprendre ce qu’est l’assassinat de l’homme que vous aimez, fouillez une fois votre monde intérieur.
Et puisque nous sommes turcs, devons-nous être aveugles aux souffrances vécues par les autres ?
Les Ittihadistes ont commis de très grands péchés.
Ils ont assassiné beaucoup de monde.
Et nous, pendant de longues années, nous avons empêché ces hommes d’évoquer leurs bien-aimés par des chants venant du cœur ?
Même ces chants émouvants nous paraissaient de trop.
On nous a toujours menti.
On nous a dit qu’eux aussi nous ont tués.
Sur la frontière russe, il y avait des Turcs Mahométans, et ce sont eux qui ont été tués par des groupes rebelles arméniens.
Eux aussi étaient des sauvages.
Mais les femmes de Malatia, Boursa, Sivas, Marache, Adana, les enfants, les hommes, les vieillards, quel rapport avaient-ils avec ces rebelles ?
Les Ittihadistes ont tué tout simplement parce qu’ils étaient Arméniens.
Et à la fin nous avons été irrités par les petits-enfants des êtres que nous avons tués, parce qu’ils voulaient qu’on leur parle de "ces jours-là".
Si on avait tué votre grand’mère, votre grand-père, votre père, votre mère, n’auriez-vous pas protesté à voix haute à ce sujet ?
N’auriez-vous pas voulu vous sentir redevables envers eux ?
Ne vous occupez pas des Ittihadistes, des criminels, des porteurs d’armes assoiffés de sang.
Vous êtes plus près, non pas de ceux-là, mais de ceux qui sont morts.
Vous êtes des humains.
Et aujourd’hui, nous allons dans "leur" pays.
Je ne sais pas si nous allons réussir, mais...
Si seulement au souvenir de ces jours-là, nos yeux aussi s’emplissaient de larmes et que nous puissions murmurer : "pardonnez-nous"
Peut-être que de notre dos un grand poids s’allégerait, et peut-être qu’un Arménien avec une grosse moustache, nous aurait souri sur ce chemin, où une frontière avait été tracée pour nous.
L.N.
|
|
|
|
|