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21 11 2008 - La Situation Actuelle au Kurdistan et L’UE
Ici je ne veux pas faire une analyse générale en ce qui concerne la Question Kurde. Tout simplement je veux résumer ce qui se passe ces derniers temps au Kurdistan et en Turquie.
Pendant le mois d’Octobre et la première partie du mois de Novembre plusieurs manifestations dont le but était de protester contre les politiques de l’Etat turc, étaient organisées par le Parti pour une Communauté Démocratique (DTP). Malgré la bonne volonté des Kurdes et leur comportement pacifique, toutes ces manifestations ont été écrasées par la force militaire et policière. Le 19 Octobre à Dogubeyazit (un district de Agirî) un jeune kurde a été tué par balle par la police. Lors de ces manifestations, des dizaines d’enfants, âgés de moins de 15 ans, et des centaines de membres du DTP ont été retenus en garde à vue. La plupart des ces gens, dont 25 enfants, ont été arrêtés. Personne ne sait quand ils seront jugés, voire libérés.

Au mois d’Octobre le premier ministre turc Recep Tayip Erdogan a visité les villes de Diyarbakir et de Dersim, ainsi au mois de Novembre il est allé dans les régions de Van et de Hakkari. Recep Tayip Erdogan s’est clairement attaqué aux valeurs des Kurdes, et il a dit “ Ceux qui n’acceptent pas un pays, un peuple et un drapeau doivent quitter la Turquie ” Ceci veut dire que le premier ministre turc ne supporte pas l’existence des Kurdes au Kurdistan. Les visites de R. T. Erdogan ont été toutes contestées par des dizaines de milliers de Kurdes. La population de ces régions n’a pas voulu les visites de ce premier ministre turc. Les Kurdes ont considéré ces visites comme une signe de nouvelles répressions.
Lorsque le premier ministre Erdogan était à Hakkari, les Kurdes ont aussi manifesté à Istanbul. Des membres du DTP ont tenté de faire un sit-in tout à fait pacifique dans le quartier central de Beyoglu mais la police a fait usage de gaz lacrymogène et elle a attaqué les manifestants, plus de 30 interpellations ont été faites.
Ce qui se passe en Europe et la responsabilité de l’UE
Le 5 Novembre la Commission Européenne a déposé son rapport annuel concernant la Turquie. D’autre par le Parlement Européen est en train de préparer le projet de son rapport concernant ce même pays, (qui sera probablement publié au mois de Janvier 2009). Plus les négociations sont avancées, entre la Turquie et l’UE, plus le rôle de l'UE devient important et sa position gagne plus de valeur. Depuis 20 ans les Kurdes travaillent auprès des Institutions Européennes pour trouver une solution pacifique à leur question. Cette volonté des Kurdes a été démontrée par des dizaines de moyens à leur portée. Malheureusement jusqu’à maintenant aucun signe favorable n’a été donné à cette demande des Kurdes. L’UE et ses pays membres ne veulent toujours pas jouer leur rôle. Mais la situation change, désormais les Européens doivent prendre leurs responsabilités.
Le 21 Mai 2008 à Strasbourg le Parlement Européen a adopté son rapport annuel concernant la Turquie. Dans la résolution de ce rapport il avait demandé au gouvernement turc de prendre des initiatives nécessaires pour trouver une solution à la question kurde, comme, par exemple, concernant l’usage de la langue kurde et le développement de la culture kurde. Malheureusement les demandes du Parlement Européen restent toujours sans réponse. La Turquie demande son entrée à l’UE , mais trouve indigne d’elle de répondre à cette question. Malgré ceci la Commission Européenne n’a pas mentionné ces points dans son rapport de cette année. Cela veut dire que l’UE, elle-même ne suit pas ses décisions.
Il faut savoir, avant tout, que la question kurde est posée depuis que la République Turque existe
( 1923.) Ce n’est pas un problème qui vient de l’extérieur. Depuis sa création, cette république a toujours tout fait pour nier la réalité de l'existence kurde. C’est l’Etat turc qui a créé ce problème et les Kurdes, avec raison, se sont soulevés et luttent, depuis, contre cet état de fait. D’après les autorités turques, c’est, aujourd'hui, le 29ème soulèvement populaire qui, dure depuis 24 ans.
Ainsi, je ne cesse de répéter maintes fois que l’UE ne doit pas traiter la question kurde comme une question de terrorisme. Traiter cette question de terrorisme ferme tous les chemins vers une solution. Il faut savoir que ce problème pose la question du droit, pour un peuple, à la liberté et à la démocratie. L'Etat turc est responsable de dizaines de milliers de morts, et a fait évacuer de force des milliers de villages, jetant sur les routes des millions de réfugiés. La question kurde est une grave question et je crois qu'une solution peut être trouvée uniquement avec le soutien de l'Union Européenne que les Kurdes considèrent comme une Institution Démocratique.
L’objectif des Kurdes n'est pas de faire la guerre. Ils sont poussés à lutter pour leurs droits légitimes, poussés souvent aussi à l’autodéfense, leur vie étant mise en jeu. Je tiens à préciser que les Kurdes ont déjà déclaré, à plusieurs reprises, qu’ils sont ouverts à toutes discussions pour mettre fin au conflit armé.
Ici je tiens à demander aux autorités européennes : si elles veulent vraiment une solution pacifique à la question kurde, de ne pas hésiter, d’avoir un dialogue avec les organisations kurdes en Europe, comme le Congrès National du Kurdistan. Je pense si une telle demande est faite, une réponse positive serait accueillie favorablement par les Kurdes. Donc, les Européens ont une vraie responsabilité.
Ahmet DERE / 14.11.2008

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