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051013 - Les Turcs sont un grand peuple qui a marqué l'Histoire.
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EUROPEAN ARMENIAN FEDERATION for Justice & Democracy
Point de vue Avec la Turquie, l'Europe renonce, par Robert Badinter
ue le ministre britannique des affaires étrangères, Jack Straw, triomphe est légitime. L'ouverture des négociations d'adhésion avec la Turquie marque la victoire de la diplomatie anglaise, appuyée par le renfort téléphonique de Mme Condoleezza Rice. Ont disparu : les conditions ultimes que paraissait vouloir imposer, encore au mois d'août, le gouvernement français, c'est-à-dire la reconnaissance préalable de la République de Chypre et du génocide arménien par la Turquie. La moindre des choses à exiger d'un candidat à l'Union, c'est qu'il admette l'existence de tous les Etats membres de celle-ci. Et reconnaître la vérité historique, aussi cruelle soit-elle, est une exigence de la conscience européenne.
Encore aurait-il fallu ajouter deux autres conditions : le respect, dans les faits, de l'égalité des femmes et des hommes, principe fondamental de l'Union européenne, et la disparition effective de tout traitement inhumain dans les locaux de police et les établissements psychiatriques en Turquie. La torture sous toutes ses formes est incompatible, non seulement avec l'adhésion, mais avec la candidature à l'Union européenne.
Car il ne faut pas se leurrer. Depuis trente ans, aucun Etat candidat à l'adhésion n'a été refusé par l'Union européenne. Parler de "négociations d'adhésion" est trompeur : il s'agit plutôt d'une longue mise en conformité de la législation du pays candidat avec les règles et exigences communautaires. Une fois la décision de principe prise, en l'occurrence le 3 octobre, le processus, laborieux, se déroule et, tôt ou tard, le candidat finit par satisfaire aux conditions fixées.
Pourquoi la Turquie manquerait-elle à cette obligation, elle qui a un tel intérêt économique, social, culturel à intégrer l'Union européenne, et espère que les fonds européens l'aideront substantiellement à transformer ses régions les moins favorisées et à moderniser ses infrastructures ? Le processus d'intégration prendra dix ou douze années. Au terme de ce délai, si court au regard de l'Histoire, sauf bouleversement politique en Turquie - que nul ne doit souhaiter -, celle-ci deviendra membre de l'Union. Ainsi, le désir constant du président Chirac de faire entrer la Turquie dans l'Union européenne sera satisfait.
Pourquoi cet acharnement, cette obstination ?
Ce n'est pas pour des raisons militaires : la Turquie, au sein de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), est notre alliée et celle des Etats-Unis. Elle n'envisage pas d'en sortir.
Ce n'est pas pour des raisons économiques : la Turquie est liée à l'Union européenne, depuis 1963, par un accord de libre échange ! Et le marché turc est ouvert aux entreprises européennes, notamment françaises, dont les investissements vont croissants.
Ce n'est pas pour combattre le chômage. Le salaire moyen des travailleurs turcs est inférieur à celui pratiqué dans l'Europe des Quinze, et leurs avantages sociaux très limités. Le risque d'accroître les délocalisations au sein du marché unique en sera plutôt accru.
Ce n'est pas pour favoriser l'agriculture française. La population agricole en Turquie représente environ le tiers de la population. La moyenne, dans l'Union européenne, est de 5 %. La politique agricole commune (PAC) devra donc nécessairement être transformée pour permettre aux agriculteurs turcs de subsister ou de se reconvertir dans d'autres activités.
Ce n'est pas non plus pour améliorer ou équilibrer le budget européen. Le coût de l'intégration de la Turquie sera au moins égal à celui des dix nouveaux adhérents à l'Union européenne.
Ce n'est pas, enfin, pour renforcer la sûreté de l'Union européenne et de ses peuples. Rien ne justifie que l'Union européenne s'installe en Asie mineure, sur un territoire plus vaste que celui de la France, et établisse des frontières communes avec l'Arménie, la Géorgie, l'Iran, l'Irak et la Syrie. Il n'y a pas de région du monde plus chargée de tensions et de menaces que celle-là. L'Union européenne a vocation à contribuer à sauvegarder la paix et à protéger les populations menacées, plutôt que de se trouver directement impliquée dans des conflits régionaux où la Turquie serait partie.
Alors, pour quels motifs irrésistibles l'Union européenne devrait-elle intégrer en son sein la Turquie, comme membre à part entière, plutôt que d'entretenir avec elle des liens étroits et privilégiés dans les domaines politique, économique, culturel et scientifique ?
Deux raisons sont avancées : la première est que l'adhésion de la Turquie la contraindra à respecter scrupuleusement les règles de la démocratie et les droits de l'homme. Mais ceux-ci doivent être respectés parce qu'ils ont une valeur morale universelle et qu'ils assurent aux peuples une condition meilleure, qu'il s'agisse de leur sûreté, de leur dignité, ou de leur liberté.
La Turquie est membre du Conseil de l'Europe depuis un demi-siècle. Le Conseil, appuyé sur la Cour européenne de Strasbourg, est le foyer des libertés et des droits de l'homme en Europe, plus que l'Union européenne, dont la vocation est d'abord politique et économique. Certes, l'Union européenne offre à ses membres des avantages considérables. Mais, faut-il, pour que la Turquie respecte les droits et les libertés, particulièrement des femmes, qu'elle bénéficie des fonds structurels de l'Union européenne ? Il suffit à la Turquie d'honorer scrupuleusement les engagements qu'elle a contractés en adhérant au Conseil de l'Europe. Et cette condition-là, essentielle à nos yeux, n'a pas à être la contrepartie de quelque avantage que ce soit, lié à l'entrée dans l'Union européenne.
Aussi, un autre motif est invoqué pour justifier ce choix : l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne nous protégerait contre le risque qu'elle ne bascule dans le camp des islamistes. Le propos est singulièrement injurieux pour le peuple turc. Musulmane et laïque, liée à l'Union européenne et aux Etats-Unis par des rapports étroits d'alliance et d'intérêts économiques, pourquoi la Turquie sombrerait-elle, dans les années à venir, dans l'islamisme radical ?
Les Turcs sont un grand peuple qui a marqué l'Histoire. Ses élites intellectuelles n'ont rien de commun avec l'obscurantisme des prédicateurs fanatiques. Et, s'il y avait le moindre risque que la Turquie puisse rallier la bannière de l'islam intolérant, alors le président Chirac aurait dû refuser toute perspective d'entrée de la Turquie dans l'Union européenne. Car, qu'adviendrait-il de celle-ci si un des Etats membres, le plus peuplé de tous et jouissant de tous les droits que lui accordent les traités européens, devenait un jour la proie des islamistes radicaux ? Quelle erreur, si une telle perspective avait quelque fondement, que d'admettre dans l'Union un Etat qui serait porteur de telles menaces !
En vérité, l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne apparaît à ses plus chauds partisans comme un geste symbolique de confiance à l'égard de tous les peuples musulmans. Il leur paraît avantageux, pour la France, qu'elle bénéficie de la sympathie que cet acte susciterait autour de la Méditerranée. Mais, si la Turquie, grande puissance musulmane d'Asie mineure est admise dans l'Union européenne, pourquoi les autres Etats musulmans, ceux-là arabes du pourtour de la méditerranée et du Proche- Orient, ne l'ambitionneraient-ils pas ? Le projet d'une Union euroméditerranéenne apparaît ainsi en filigrane dans le choix d'ouvrir l'Union européenne à la Turquie. Ce serait là une erreur stratégique.
Il ne s'agit pas de constituer l'Union européenne en un "club chrétien". L'Union est une organisation laïque et compte vingt millions de musulmans en son sein. La Bosnie et l'Albanie, Etats à majorité musulmane, sont vouées, le jour venu, à devenir membres de l'Union. Mais ce qui s'inscrit dans la perspective de l'entrée de la Turquie, c'est une Europe indéfinie, aux limites incertaines, vouée à n'être qu'un espace marchand toujours plus étendu.
Ce n'est pas l'Europe puissance, apte à jouer un grand rôle sur la scène du monde, rêvée par les pères fondateurs et les grands hommes d'Etat européens d'hier. Dans le choix du président Chirac se mêlent la mélancolie du renoncement et la fin d'une grande espérance.
LE MONDE | 13.10.05 | 14h03 • Mis à jour le 13.10.05 | 14h03
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Robert Badinter, ancien ministre de la justice, ancien président du Conseil constitutionnel, est sénateur (PS) des Hauts-de-Seine.
Article paru dans l'édition du 14.10.05
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Greg,Ti giro questa mail, è molto interessante anche il sito.
Il fondatore ha fatto un lungo intervento al Parlamento Europeo.
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Subject: Des généraux putschistes honorés par les dirigeants d'Ankara
Date: Thu, 06 Oct 2005 16:45:30 +0200
Même après l'ouverture des négociations avec l'Union européenne
V.V
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