06 05 19 - La loi sur le génocide arménien

REVUE DE PRESSE

NOUVELOBS.COM | 19.05.06 | 08:18
Les commentaires de la presse française vendredi 19 mai 2006 au lendemain du report de l'examen d'une proposition de loi PS contre la négation du génocide
arménien
LA PROVENCE

Georges Latil

"Une fois de plus, la représentation nationale s'est purement et simplement ridiculisée. Tout un chacun sera d'accord pour reconnaître que, selon un dogme bien établi et ne souffrant d'aucune contestation, il n'appartient pas à la loi de faire, ni de réécrire l'histoire. (...) Il aura suffi d'une proposition de loi socialiste, visant à condamner toute négation du génocide arménien, soutenue comme par hasard par l'UDF, pour remettre le feu aux poudres. En quarante minutes de discussions et un vote avorté, repoussé sine die, dans des conditions contestables tout fût dit. Trop de pressions, de manipulations laissent un goût amer. La cause valait mieux que ce débat mal embouché. (...)
Les Arméniens méritent un geste de reconnaissance. Le plus vite possible, dans un climat apaisé cette fois. En espérant que, d'ici-là, la Turquie ait aussi
reconnu ses torts."


L'EST REPUBLICAIN

Pierre Taribo

"C'est une affaire lamentable qui ne va pas rehausser l'image du Parlement, sorte de meuble déglingué qui grince de partout. Faute de vision, de courage et de conscience du rôle qui est le sien dans le fonctionnement de la démocratie, il se comporte tantôt comme une simple chambre d'enregistrement, tantôt comme un lieu de cynisme politique, d'hypocrisie et de laminoir des convictions. Ce constat désolant s'est encore vérifié, hier, avec la proposition de loi du PS sur la génocide arménien. (...) Ils peuvent, c'est une évidence, dénoncer les persécutions par des déclarations solennelles mais ils n'ont pas à légiférer sur l'Histoire. D'ailleurs, ils ne possèdent aucune compétence pour faire l'interprétation des drames anciens. S'ils le font, ils sortent de leur
mission."

LE REPUBLICAIN LORRAIN

Philippe Waucampt

"Ce n'est pas glorieux.
Mais en repoussant aux calendes turques le vote de la proposition de loi socialiste réprimant la négation du génocide arménien, Jean-Louis Debré a au moins évité une réédition du vaudeville sur le "rôle positif" de la colonisation. (...) Avec près des deux tiers de leur population éliminés entre 1915 et 1917, il est évident que les Arméniens ont été victimes d'un génocide, d'ailleurs officiellement reconnu par la France depuis janvier 2001. Mais à vouloir imposer cette réalité sous peine de anctions, les socialistes ont cherché à lui donner valeur de dogme, empêchant du même coup toute discussion contradictoire sans laquelle la liberté de penser devient une fiction. Et surtout, en cherchant à faire tomber sous le coup de la loi les opinions déviantes, ils autorisaient n'importe quel lobby à traîner devant les tribunaux
tous ceux dont la tête ne leur revient pas."

LES DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE

Jean-Claude Kiefer

"Refuser de reconnaître, comme le font encore certains, la réalité de l'Holocauste est du négationnisme, à la fois criminel et stupide.
Mais pourquoi, alors, deux poids et deux mesures ? L'assassinat de plus d'un million d'Arméniens en 1915 a pourtant été qualifié de génocide en France et au Parlement européen. (...) Il est vrai, aussi, que sous la pression européenne, la Turquie commence à revoir son histoire. Tout un travail de mémoire est en cours. Ankara sollicite, officiellement du moins, l'aide internationale et particulièrement celle de la République d'Arménie pour mener cette tache à bien. Il y a fort à craindre que les condamnations politiques venues d'ailleurs décourageront vite cette volonté et feront naître d'autres ressentiments. Quant à l'Histoire, que les historiens s'en chargent. Pas les politiques. Dans le passé récent de l'Europe, seuls les nazis et les communistes ont 'légiféré' en Histoire. Ce n'est pas une référence."

NICE MATIN

Marc Chevanche

"Le dépôt par le Parti socialiste d'une proposition de loi tendant à qualifier pénalement la négation du génocide arménien se place sous le double signe de l'irresponsabilité et de la démagogie.
L'irresponsabilité car les mêmes qui s'émouvaient, il y a peu, que la loi puisse orienter l'histoire de la colonisation, soit pour l'accabler, soit pour lui trouver des vertus, succombent à nouveau à la tentation. (...) La démagogie est également au rendez-vous car on voit bien dans cette affaire les résultats de l'influence des groupes de pression arméniens. Ajoutons à cela l'air du temps 'anti-turc', lié à la question de l'entrée de la Turquie en Europe. Or, ce sont les mêmes qui, au Parti socialiste, plaident pour cette entrée et flattent les opinions contraires en prenant fait et cause pour les Arméniens."

123